Conscience de soi

Vibrer ou disparaître

Vibrer ou disparaître : pourquoi fuir les émotions nous coupe de la vie ?

Être bien, heureux, dans un monde où rien ne nous arrive est un idéal très recherché, du moins, c’est ce que je constate de plus en plus dans ma pratique de sophrologue et de thérapeute. Les émotions traînent derrière elles une réputation tenace de nous gâcher la vie. Nous rêvons de les licencier, de nous en débarrasser, de les faire disparaître pour ne plus rien ressentir. S’anesthésier un peu plus… jusqu’à oublier ce que cela signifie vraiment d’être vivant. Mais savons-nous encore ce que cela veut dire…. vivre ?

la société et notre système éducatif renforcent cette tendance. Dans certaines cultures, les expressions de tristesse ou de colère sont mal vues et considérées comme des faiblesses. Les médias, la publicité et les réseaux sociaux amplifient cette pression en glorifiant des images de bonheur constant et de succès, stigmatisant les émotions moins agréables et poussant les gens à se conformer à des attentes irréalistes de bien-être.

Certaines pratiques, courants philosophiques ou spirituels recommandent d’éviter ou de supprimer certaines émotions, les considérant comme ayant une fréquence “trop basse”. Invitant à transcender des émotions comme la colère ou la tristesse au lieu de les explorer, ce qui encourage à les minimiser ou les ignorer.

Ce processus, bien qu’il puisse sembler attrayant, nous entraîne dans une dissociation progressive. Nous nous détachons de notre propre humanité, cherchant à ne plus ressentir ce qui fait pourtant partie intégrante de notre être.

En évitant certaines émotions, nous fermons la porte à des parties de nous-mêmes. Ces émotions que nous qualifions de “basses” ou encore de “négatives” ne sont ni nos ennemies, ni des obstacles à notre bien-être. Elles sont des signaux, des messagers, souvent porteurs d’une vérité profonde. Elles font parties intégrante de notre système. Les ignorer, les étouffer, c’est couper le lien avec une partie de notre réalité intérieure.

Et c’est là que la dissociation commence : un éloignement de soi, un déni de ce qui, en nous, demande à être vu, entendu, et transformé. Vibrer ou disparaître

En ignorant ou en réprimant nos émotions, nous nous déconnectons de notre propre réalité intérieure. Cette déconnexion diminue notre capacité à nous comprendre nous-mêmes, rendant difficile la reconnaissance de ce que nous ressentons réellement. Cela peut entraîner une confusion identitaire, où il devient ardu de savoir ce que l’on veut ou de faire des choix authentiques.

Refuser de reconnaître nos émotions peut également nous isoler émotionnellement des autres. Nos relations peuvent en souffrir, car nous devenons moins capables de partager nos véritables sentiments et expériences. Cette incapacité à établir des connexions authentiques peut conduire à un sentiment de solitude et d’isolement.

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EMOTION :

Dérivé de émouvoir formé d’après l’ancien français et moyen français motion « mouvement », emprunté au latin. motio « action de mouvoir, mouvement, trouble, frisson (de fièvre) ». (vu sur https://fr.wiktionary.org/wiki/%C3%A9motion) Vibrer ou disparaître

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L’émotion est une réponse complexe et dynamique que notre système produit pour répondre aux stimuli interne ou externe, réels ou imaginés, afin de garantir notre survie.

En tant que composante à la fois physique et psychique, l’émotion se manifeste par des sensations corporelles (comme des tensions, des palpitations, ou des modifications de la respiration) ainsi que par des réactions psychologiques (telles que des pensées, des évaluations, ou des changements dans notre état d’esprit). Vibrer ou disparaître

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Ces manifestations nous aident à traiter et à réagir aux stimuli, jouant un rôle crucial dans notre adaptation et notre bien-être.

Une jeune femme qui hésite entre se fuir ou se rencontrer. une partie d'elle commence à disparaitre, alors qu'elle est orienté vers la partie d'elle encore itnacte
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Accueillir, accepter et observer ses émotions joue un rôle essentiel dans la conscience de soi et la compréhension de notre interaction avec l’environnement. En accueillant ses émotions, on commence par reconnaître et valider ce que l’on ressent. Cela signifie accepter que les émotions sont des réponses naturelles et légitimes aux expériences vécues. Cette reconnaissance est le premier pas vers une compréhension plus profonde de soi-même. Ainsi en les accueillants, on évite de les ignorer ou de les réprimer. La suppression des émotions peut créer des blocages et des tensions internes.

Les émotions non exprimées peuvent entraîner divers blocages et tensions internes. Elles se manifestent souvent par des douleurs musculaires, comme dans le cou, les épaules ou le dos, et des troubles digestifs, tels que des douleurs abdominales, des ballonnements ou des nausées. Le stress émotionnel réprimé peut également augmenter l’anxiété et provoquer un sentiment d’isolement, car la personne se sent déconnectée des autres. De plus, ignorer ses émotions peut mener à une confusion sur ses propres besoins, générer des sentiments de culpabilité ou de honte, et provoquer un épuisement émotionnel, affectant la capacité à gérer les stress quotidiens. Les émotions non résolues peuvent aussi perturber le sommeil, entraînant insomnies ou cauchemars.

Accueillir ces émotions permet de les laisser s’exprimer, ce qui favorise un équilibre émotionnel. Vibrer ou disparaître.

Au lieu de lutter contre des sentiments de tristesse, de colère ou de peur, ce qui n’a d’autre effet que de les renforcer ou de les accumuler, il est plus efficace d’apprendre à les comprendre et à les accueillir. Cette approche permet de réduire significativement leur impact. Accepter ses émotions comme une partie intégrante de soi-même permet de mieux comprendre ses besoins, ses valeurs et ses limites. Cela favorise une croissance personnelle continue en apprenant de chaque expérience émotionnelle.

Prenons l’exemple de Julie, un personnage fictif, qui est très triste après avoir perdu son emploi. Au lieu d’ignorer ou de supprimer cette tristesse, elle décide de l’explorer. Julie prend le temps de vraiment vivre cette émotion et d’examiner ce qu’elle révèle sur elle-même. Elle se demande aussi si d’autres émotions, comme la colère ou la peur, ne sont pas mêlées à cette tristesse.

En acceptant ses émotions, Julie découvre quelque chose d’important : elle réalise que ce sentiment d’échec est lié à des attentes profondes qu’elle avait sur elle-même. Par exemple, elle comprend que la perte de son emploi a touché une croyance fondamentale qu’elle avait sur sa propre valeur et son succès. Julie se rend compte que ses croyances influençaient ses choix professionnels, la conduisant vers des emplois qui ne lui correspondaient pas vraiment, mais qui alimentaient ces croyances. En prenant conscience de cette dynamique, elle peut maintenant réévaluer ses véritables besoins et aspirations, et chercher des opportunités qui correspondent mieux à ses valeurs et intérêts réels. Ainsi, elle transforme sa tristesse en une chance de croissance personnelle et de réorientation professionnelle. Vibrer ou disparaître.


Observer ses émotions signifie prendre du recul pour les examiner sans jugement. Cela permet d’identifier des schémas ou des déclencheurs récurrents, offrant des perspectives sur les causes sous-jacentes des émotions. En faisant cela, on découvre des aspects de sa personnalité, de ses croyances et de ses motivations, ce qui aide à comprendre et à faire des liens avec ses réactions face aux différentes situations. Ce qui pouvait sembler ridicule ou exagéré devient soudainement une clé précieuse pour comprendre et faire le lien avec nous-mêmes, notre passé, nos blessures et nos traumatismes. Ce que nous cherchions à éviter, à cacher ou à étouffer est en réalité une porte vers la compréhension de soi.

Les émotions sont des indicateurs précieux de nos besoins et désirs profonds. En les observant attentivement, nous pouvons mieux comprendre ce que nous recherchons dans nos relations, notre travail et notre vie personnelle. Elles mettent en lumière des dynamiques relationnelles importantes, telles que des conflits non résolus, des attentes ou des besoins insatisfaits.

Par exemple, lorsqu’on ressent de l’envie envers un ami, il est fréquent de se blâmer immédiatement et de chercher à réprimer cette émotion. On peut alors tenter de l’évacuer de notre conscience, comme si elle était une source de malaise inacceptable. Cependant, cette émotion est chargée d’informations essentielles sur nous-mêmes. L’envie ne signifie pas que nous sommes mauvais ; elle nous informe plutôt sur ce que nous désirons réellement et ce qui pourrait nous manquer.

En explorant cette envie, nous pouvons découvrir des aspects importants de notre propre réalité. Par exemple, cette émotion pourrait révéler un désir de reconnaissance ou de succès que nous n’avons pas encore exprimé ou satisfait dans notre propre vie. Plutôt que de rejeter ou de cacher cette émotion, nous pouvons l’utiliser pour clarifier nos aspirations et ajuster nos actions en conséquence.

Au lieu de nous dire que nous sommes de mauvais amis pour ressentir de l’envie, nous pouvons reconnaître que cette émotion révèle un besoin plus profond d’accomplissement personnel. En acceptant que notre envie soit une indication de notre propre désir de succès et de reconnaissance, nous évitons de projeter nos frustrations et limites sur les autres. Ignorer ces besoins peut entraîner de la rancœur envers nos amis ou un sentiment d’injustice envers l’univers, comme si nous invoquions la chance pour combler ce vide.

En revanche, en reconnaissant et en comprenant notre émotion, nous avons la possibilité de prendre des décisions éclairées pour répondre à nos besoins. Cela nous permet de créer, de manifester et de provoquer les changements nécessaires dans notre vie pour nous épanouir pleinement. En agissant sur ce que nous avons appris de nos émotions, nous avançons vers un bien-être plus authentique et aligné avec nos véritables aspirations.

Ainsi, plutôt que de fuir ou de condamner nos émotions, nous devrions les voir comme des alliées qui nous guident vers une meilleure compréhension de nous-mêmes et de notre chemin de vie. En transformant notre approche des émotions, nous avons la possibilité de nourrir notre croissance personnelle, et de résoudre des conflits internes et d’ouvrir la voie à une vie plus épanouissante et authentique.

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